Après la projection, le géographe Jean-Christophe Victor, présentateur de l’émission « Le dessous des cartes » sur Arte, a donné une conférence magistrale. Qu’est-ce qui l’inquiète le plus ? Ce ne sont pas les affrontements religieux dans le monde qui ne sont que prétexte à des conflits régionaux, mais bien la menace que fait peser sur le monde à venir et notamment sur l’environnement la perpétuation de notre mode de consommation effrénée. Comment ferons-nous en 2050 devant la pénurie annoncée de ressources énergétiques, notamment le pétrole, alors que la demande ne cesse de croître, notamment de la part des pays émergents ?

Une opinion que ne partage pas forcément les spécialistes de l’énergie qui sont intervenus samedi après-midi salle Jean-Despas, au cours d’une table ronde intitulée « Energie et ressources : la pénurie annoncée ». Pour Christian Hocquard, expert au Bureau de recherche géologique et minière, la rareté des ressources énergétiques, le charbon mis à part, va aller crescendo au cours du siècle en cours sans pour autant atteindre la pénurie. « Arrêtons de nous faire peur », dit-il en substance, « mais le pétrole sera de plus en plus cher ». Gilles Rotillon, économiste de l’environnement, dénonce la contradiction à poursuivre notre mode de développement dans un contexte de réchauffement climatique. « Le pétrole n’est pas encore assez cher pour que les politiques se bougent vraiment. Mais à un certain prix, il va bien falloir se bouger ! ». Pour Jean-Luc Wingert, spécialiste des questions énergétiques et du développement durable, « les prix vont en effet monter ; il y aura des perturbations économiques que nous ne sommes pas prêts pour l’instant à affronter. Le pic de la production pétrolière va marquer un tournant dans l’histoire de l’humanité ».

L’optimisme n’est pas non plus de rigueur chez les économistes qui ont conclu la journée de samedi. « La crise est plus grave que ce qu’on vous dit », affirme Pierre Larrouturou. Comme en sortir avec le poids de la dette des pays occidentaux ? L’économiste explique que des pays comme les Etats-Unis creusent de plus en plus leur déficit pour doper leur croissance qui stagne ou même qui diminue. Où va-t-on ? Que faut-il faire ? Pour Jacques Mistral, il faut gérer la crise de la dette, mais à l’échelle d’un « sommet » international des chefs d’Etat. Enfin, Norbert Gaillard a expliqué le poids des agences de notation qui s’étaient jusqu’é  présent montré plutôt indulgente avec la France.

Pour rebondir sur le film « Trente ans de guerre au nom de Dieu », une intense table ronde avait réuni dans la matinée le journaliste Bernard Guetta (France-Inter et L’Express), l’ancien directeur de l’AFP au Caire, Alain Navarro, le réalisateur Thomas Johnson et le professeur Bichara Khader, spécialiste du monde arabe contemporain. Pour ce dernier, « ce qui se passe en Egypte ou en Tunisie est sain. Laissons les choses se décanter, laissez ces peuples faire leur choix ! ». Il a rappelé que les révoltés du printemps arabe qui ont déboulonné les dictatures de Ben-Ali et de Moubarak n’ont pas scandé des slogans islamistes mais les mots « Justice, liberté, dignité ». Il faudra du temps pour que la démocratie s’installe durablement dans ces pays, mais la France n’a-t-elle pas mis presque un siècle pour y accéder après la révolution de 1789 ? Avec un sens de la formule qui le caractérise, le professeur Khader a conclu le débat par cette belle phrase : « Les peuples font l’histoire mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font ».

Dimanche 9 décembre à 10h, ce fut l’heure de la synthèse et de la conclusion de ces riches colloques. Ancien ministre des Affaires étrangères et actuellement consultant pour de grandes entreprises, Hubert Védrine a brossé un tableau réaliste de la « mêlée mondiale ». Il n’y a plus de leadership, même les Etats-Unis « ont perdu le contrôle ». Aujourd’hui, l’heure est à la généralisation d’une économie de marché déréglementée et sauvage. « La financiarisation l’emporte sur l’économie réelle. Le monde est devenu un gigantesque casino ! ». Le constat est alarmant : à peine 10% de l’argent qui transite dans le système financier mondial alimente le développement économique et la production. Hubert Védrine dit qu’il faut être réaliste, avoir du courage et de la patience. Pour les décideurs, il est temps d’avoir une véritable vision stratégique surtout dans nos sociétés où « le bain médiatique augmente le court-termisme et créé un état de frustration permanente et de nervosité ».

L’ensemble des colloques sera visible à la mi-janvier sur le site internet dédié aux Mystères.

Le documentaire « Trente ans de guerre au nom de Dieu » est disponible sur internet. Il a été visionné et commenté par 90 élèves du lycée du golfe de Saint-Tropez.

Les Mystères du XXIe siècle sont organisés par la ville de Saint-Tropez en collaboration avec Francis Rocard, conseiller scientifique de l’événement, et de Dominique Leglu, directrice de la rédaction du magazine Sciences et Avenir et animatrice des colloques.

 Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
Le réalisateur Thomas Johnson et l’animatrice Dominique Leglu

Après la projection, le géographe Jean-Christophe Victor, présentateur de l’émission « Le dessous des cartes » sur Arte, a donné une conférence magistrale. Qu’est-ce qui l’inquiète le plus ? Ce ne sont pas les affrontements religieux dans le monde qui ne sont que prétexte à des conflits régionaux, mais bien la menace que fait peser sur le monde à venir et notamment sur l’environnement la perpétuation de notre mode de consommation effrénée. Comment ferons-nous en 2050 devant la pénurie annoncée de ressources énergétiques, notamment le pétrole, alors que la demande ne cesse de croître, notamment de la part des pays émergents ?

Une opinion que ne partage pas forcément les spécialistes de l’énergie qui sont intervenus samedi après-midi salle Jean-Despas, au cours d’une table ronde intitulée « Energie et ressources : la pénurie annoncée ». Pour Christian Hocquard, expert au Bureau de recherche géologique et minière, la rareté des ressources énergétiques, le charbon mis à part, va aller crescendo au cours du siècle en cours sans pour autant atteindre la pénurie. « Arrêtons de nous faire peur », dit-il en substance, « mais le pétrole sera de plus en plus cher ». Gilles Rotillon, économiste de l’environnement, dénonce la contradiction à poursuivre notre mode de développement dans un contexte de réchauffement climatique. « Le pétrole n’est pas encore assez cher pour que les politiques se bougent vraiment. Mais à un certain prix, il va bien falloir se bouger ! ». Pour Jean-Luc Wingert, spécialiste des questions énergétiques et du développement durable, « les prix vont en effet monter ; il y aura des perturbations économiques que nous ne sommes pas prêts pour l’instant à affronter. Le pic de la production pétrolière va marquer un tournant dans l’histoire de l’humanité ».

L’optimisme n’est pas non plus de rigueur chez les économistes qui ont conclu la journée de samedi. « La crise est plus grave que ce qu’on vous dit », affirme Pierre Larrouturou. Comme en sortir avec le poids de la dette des pays occidentaux ? L’économiste explique que des pays comme les Etats-Unis creusent de plus en plus leur déficit pour doper leur croissance qui stagne ou même qui diminue. Où va-t-on ? Que faut-il faire ? Pour Jacques Mistral, il faut gérer la crise de la dette, mais à l’échelle d’un « sommet » international des chefs d’Etat. Enfin, Norbert Gaillard a expliqué le poids des agences de notation qui s’étaient jusqu’é  présent montré plutôt indulgente avec la France.

Pour rebondir sur le film « Trente ans de guerre au nom de Dieu », une intense table ronde avait réuni dans la matinée le journaliste Bernard Guetta (France-Inter et L’Express), l’ancien directeur de l’AFP au Caire, Alain Navarro, le réalisateur Thomas Johnson et le professeur Bichara Khader, spécialiste du monde arabe contemporain. Pour ce dernier, « ce qui se passe en Egypte ou en Tunisie est sain. Laissons les choses se décanter, laissez ces peuples faire leur choix ! ». Il a rappelé que les révoltés du printemps arabe qui ont déboulonné les dictatures de Ben-Ali et de Moubarak n’ont pas scandé des slogans islamistes mais les mots « Justice, liberté, dignité ». Il faudra du temps pour que la démocratie s’installe durablement dans ces pays, mais la France n’a-t-elle pas mis presque un siècle pour y accéder après la révolution de 1789 ? Avec un sens de la formule qui le caractérise, le professeur Khader a conclu le débat par cette belle phrase : « Les peuples font l’histoire mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font ».

Dimanche 9 décembre à 10h, ce fut l’heure de la synthèse et de la conclusion de ces riches colloques. Ancien ministre des Affaires étrangères et actuellement consultant pour de grandes entreprises, Hubert Védrine a brossé un tableau réaliste de la « mêlée mondiale ». Il n’y a plus de leadership, même les Etats-Unis « ont perdu le contrôle ». Aujourd’hui, l’heure est à la généralisation d’une économie de marché déréglementée et sauvage. « La financiarisation l’emporte sur l’économie réelle. Le monde est devenu un gigantesque casino ! ». Le constat est alarmant : à peine 10% de l’argent qui transite dans le système financier mondial alimente le développement économique et la production. Hubert Védrine dit qu’il faut être réaliste, avoir du courage et de la patience. Pour les décideurs, il est temps d’avoir une véritable vision stratégique surtout dans nos sociétés où « le bain médiatique augmente le court-termisme et créé un état de frustration permanente et de nervosité ».

L’ensemble des colloques sera visible à la mi-janvier sur le site internet dédié aux Mystères.

Le documentaire « Trente ans de guerre au nom de Dieu » est disponible sur internet. Il a été visionné et commenté par 90 élèves du lycée du golfe de Saint-Tropez.

Les Mystères du XXIe siècle sont organisés par la ville de Saint-Tropez en collaboration avec Francis Rocard, conseiller scientifique de l’événement, et de Dominique Leglu, directrice de la rédaction du magazine Sciences et Avenir et animatrice des colloques.

 
 Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
Le réalisateur Thomas Johnson et l’animatrice Dominique Leglu.
 
 Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
 
 
Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
Conférence de Jean-Christophe Victor, animateur du « Dessous des cartes » sur Arte.
 
 Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
Présentation des tables rondes samedi matin par Francis Rocard.
 
 Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
Dominique Leglu, Thomas Johnson, Bichara Khader, Bernard Guetta, Alain Navarro et Francis Rocard.
 
 Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
La table ronde des experts ès énergies.
 
 Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
La table ronde des économistes.
 
 Le réalisateur Thomas Johnson et l'animatrice Dominique Leglu.
Hubert Védrine.