Au terme de cinq années de travail, le musée de l’histoire maritime tropézienne a été inauguré samedi 20 juillet à 18h par le maire Jean-Pierre Tuveri, en présence de plusieurs centaines d’invités, dont nombre de donateurs et des représentants des institutions qui ont aidé à la réalisation du projet. Après un petit récital des Fifres et tambours et avant la traditionnelle coupure de ruban, le premier magistrat a expliqué au public l’intérêt de ce nouvel espace muséal , installé dans le donjon de la citadelle.

En chiffres

Inauguré le 20 juillet 2013
Début des travaux : mi-novembre 2016
Fin des travaux : mars 2017
Coût : 5 M €, y compris restauration du donjon

« Dans un donjon qui a fait l’objet de deux importantes campagnes de restauration en 2004-2005, puis de 2009 à 2013, le parcours muséographique, que vous allez découvrir dans quelques minutes, propose aux visiteurs de découvrir une évocation des activités maritimes des Tropéziens de la fin du XVe siècle au début du XXe siècle. Le pari était particulièrement audacieux, puisqu’il convenait de restituer l’état actuel des connaissances historiques et de rééquilibrer l’image médiatique de notre cité qui, chacun pourra désormais le vérifier, ne fut jamais un simple petit port de pêche. Ce musée d’histoire maritime, a précisé le maire, s’inscrit en effet dans une démarche identitaire visant à défendre l’héritage précieux des générations précédentes qui ont, petit à petit, façonné le Saint-Tropez d’aujourd’hui, devenu l’un des lieux les plus connus au monde, visité chaque année par plus de cinq millions de personnes ».

Un projet scientifique novateur

Ce nouveau musée d’histoire maritime succède sur le même site au précédent musée naval, antenne du Musée national de la Marine(de 1958 à 2002), mais il n’a de commun avec son devancier que la mer. « Ce nouvel espace muséal est issu d’un Projet Scientifique et Culturel totalement novateur élaboré durant l’année 2008, a souligné le maire, avec pour objectif de présenter aux visiteurs un panorama le plus large possible des activités maritimes des Tropéziens. Le choix effectué de traiter de l’ensemble des activités, a donc nécessité un effort de synthèse important.

La spécificité de ce musée réside dans le choix des sources qui constituent son fonds muséographique. En complément des sources historiques, traitées de façon scientifique par les historiens, nous avons souhaité ajouter de précieux éléments de mémoire conservés par les familles, éléments qui relèvent soit du souvenir, soit de l’objet conservé ».

Ainsi, sur près de 400 m², le musée présente près de 250 pièces de collection, dont certaines particulièrement surprenantes et servies par une scénographie saisissante. L’architecture du donjon de la citadelle a, par ailleurs, nécessairement influé sur le parcours muséal. Le rez-de-chaussée est constitué de dix espaces de 15 m² en moyenne et d’une tourelle. A l’étage, se trouvent six salles de 35 m² environ et une tourelle accessible au public. Au total, l’espace muséal accessible au public est constitué de 18 entités distinctes.

Volontairement, la vaste terrasse qui couronne le donjon n’a fait pas l’objet d’un aménagement muséal spécifique. Elle est envisagée comme un dernier espace de visite qui replonge le visiteur ayant fait un saut dans le passé, dans la réalité maritime d’aujourd’hui.

Un panorama des activités maritimes des Tropéziens

L’objectif du nouveau musée est donc de présenter aux visiteurs un panorama le plus large possible des activités maritimes des Tropéziens. C’est ainsi qu’au rez-de-chaussée du donjon, on découvre les activités de proximité. Le port tout d’abord, puis ses chantiers navals, avant de découvrir la pêche, le cabotage, les activités industrielles passées, comme l’usine des câbles Grammont, ou toujours actives comme l’usine des torpilles, l’actuelle DCNS. La visite de ce premier niveau se termine par une évocation de l’école d’hydrographie qui a formé de très nombreux capitaines au cabotage ou au long cours.

A l’étage, le visiteur est invité à partir au long cours, vers des horizons lointains. Un hommage est tout d’abord rendu aux trois grandes figures de Saint-Tropez : Hyppolite Bouchard, Pierre André de Suffren et Jean-François Allard. La salle suivante est consacrée aux Tropéziens dans la marine de guerre. Surprenante évocation du temps où les matelots des navires de l’Etat étaient avant tout des pêcheurs, des marins du commerce ou des ouvriers des chantiers navals. Le fait qu’à Saint-Tropez, 6 à 7 hommes sur 10 avaient un métier lié à la mer explique qu’en temps de guerre, ils partaient par centaines combattre sur toutes les mers du monde. On reste cependant étonné par l’importance des chiffres. Saviez-vous en effet que près de 500 Tropéziens participèrent à la guerre d’Indépendance américaine, de 1775 à 1783, plus de 300 à la campagne d’Egypte et près de 200 encore à la guerre de Crimée de 1854 à 1855, pour ne citer que ces exemples.

Du commerce maritime au temps des paquebots

Les salles suivantes présentent les activités maritimes commerciales des Tropéziens au fil du temps et dans des espaces spécifiques. Nous accompagnerons les marins de la cité en Méditerranée orientale, pour les voir commercer avec les Ottomans au XVIIIe siècle, puis on les suivra au-delà du détroit de Gibraltar, sur les côtes africaines et indiennes au milieu des années 1850, avant de découvrir les durs voyages dans les mers australes où tous affrontaient avec courage et sans anxiété le terrible cap Horn, au XIXe et au début du XXe siècle.

La dernière salle évoque le temps des paquebots, période qui débute vers 1850 et qui s’achève un siècle plus tard vers 1950, lorsque les avions de ligne supplantent définitivement les paquebots transatlantiques. Combien de capitaines, combien de matelots originaires de Saint-Tropez partirent depuis Marseille vers l’Australie, l’Amérique, la Chine et le Japon ? Sans aucun doute quelques centaines, dont les traces se retrouvent aujourd’hui encore dans les familles.

Des investissements importants pour accroître la fréquentation du site

« Le donjon et le musée ont fait l’objet de lourds investissements pour un montant avoisinant les 5 millions d’euros, a souligné le maire, mais il ne faut pas oublier les autres travaux qui contribuent à embellir le site et à améliorer le travail des agents et l’accueil du public. Je pense aux réaménagements des casernes et de l’ancienne chapelle, ou à la restauration des remparts qui se poursuivent. Il en va de même, chacun a pu en juger à son arrivée sur site de la création de la billetterie-boutique qui vient remplacer l’ancien local dont celles et ceux qui le connaissaient pourront témoigner qu’il ne correspondait pas à ce que l’on peut appeler un local fonctionnel et surtout adapté pour du personnel administratif. Dans quelques semaines, grâce au projet de Mme Morelli, architecte des monuments historiques, sous la supervision des Bâtiments de France et avec bien entendu toutes les autorisations nécessaires, ce site bénéficiera d’un accueil fonctionnel, intégré dans le rempart et accessible aux Personnes à Mobilité Réduite. D’autres efforts sont encore à venir, je pense notamment à l’ancien magasin à poudre ».

C’est à ce prix que la Citadelle, qui accueillait déjà près de 80 000 visiteurs par an en période de chantier, tiendra son rôle de deuxième site patrimonial payant le plus visité du département après l’abbaye du Thoronet et de deuxième musée après le museum d’histoire naturelle de Toulon. « Je ne doute pas que grâce au formidable outil muséal que nous inaugurons aujourd’hui, a dit le maire, la fréquentation de ce site sera amenée à s’accroître sensiblement ».