Dès le XVIe siècle, la place de la Croix de fer constitue l’entrée de Saint-Tropez. La vue ci-dessus, prise depuis le site de l’actuel hôtel de Paris qui n’était pas encore construit, montre la place telle que la découvrait alors le visiteur. En 1879, un journaliste parisien du Gaulois descend fourbu d’une voiture tirée par des chevaux couverts de sueur et de poussière. « Il n’y a qu’un reporter ou un poète pour oser affronter le voyage de Saint-Tropez, écrira-t-il plus tard. C’est un des rares pays de France où l’on ne puisse arriver qu’après six heures de diligence, et quelle diligence ! ».

La Croix de fer et la borne-fontaine
Rebaptisée en 1954 square De Lattre de Tassigny, la place portait le nom de la Croix de fer depuis 1827. La Croix de fer fut érigée en cette même année pour le Jubilé de l’année sainte, convoqué par le pape Léon XII en 1826. L’initiative de sa construction revint à la « Fabrique d’église », un conseil paroissial élu qui assurait alors la collecte et la gestion des fonds et revenus nécessaires à la construction et l’entretien des édifices et monuments religieux diocésains. Au XIXe siècle, les « conseils de Fabrique » avaient compétence pour assurer également l’administration des cimetières et des services funéraires. Ils furent supprimés par la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. On peut constater que la position initiale de la Croix était, à l’époque, beaucoup plus centrale, au milieu du croisement, ce qui lui valait alors le nom de Croix de fer dite « de l’avançado ». Le monument fut déplacé par la suite pour le protéger du trafic automobile. Réclamée depuis 1889 par les habitants, la borne-fontaine située en arrière de la Croix de fer ne fut installée qu’en 1903, date à laquelle le conseil municipal attribua le marché de sa construction pour 400 francs de l’époque. Cette ancienne pompe à bras urbaine constitue un des derniers exemplaires en France d’un équipement qui était alors présent dans toutes les villes et villages. Elle témoigne d’un temps où l’eau et sa distribution en place publique étaient un des moteurs du lien social. Les progrès des techniques hydrauliques et la généralisation de l’eau courante eurent raison des pompes urbaines qui furent quasiment toutes démolies… Sauf celle de la place de la Croix de fer.

Le bâtiment de l’octroi
Jusque dans les années 50, la place était notamment occupée par le bureau de l’octroi, visible sur la photo ci-contre à droite du platane et de l’angle de l’actuelle rue Allard. L’octroi était un impôt indirect prélevé par les communes, depuis le Moyen âge, sur les marchandises lors de l’entrée de celles-ci sur leur territoire. Cette contribution – qui pouvait s’apparenter à une taxe d’importation ou à un droit de douane local – servait à financer les infrastructures et les travaux utiles à la collectivité. Une première fois abrogé sous la Révolution par l’Assemblée Constituante en 1791, rétabli par le Directoire en 1798, puis rendu facultatif en 1897, il fut définitivement supprimé en 1943. Le bureau de l’octroi fut démoli dans les années cinquante.

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